Ce samedi 17 mai 2025 a été marqué par deux événements empreints d’émotion et de gravité, nous rappelant combien il est urgent d’agir pour que les drames survenus en 2024 ne se reproduisent plus.
À 11h, à la demande de la famille, nous nous sommes réunis sur les lieux où M. Régis Pringarbe a tragiquement perdu la vie en juillet dernier, dans le cadre de son activité professionnelle. Seul, en mission de surveillance sur un quad, il s’est renversé dans un fossé inondé, dans une zone difficile d’accès près de la rue du Champ d’Aviation. C’est son propre fils qui a découvert son corps, quelques heures plus tard. Il aurait eu 58 ans le 3 mai. Ce moment de recueillement a rassemblé ses proches, collègues, amis et membres de notre association, tous unis dans le souvenir et le respect.
À 15h, nous avons ensuite accompagné la famille de Djamel Bendjaballah au tribunal de Dunkerque. Ils demandent que la justice reconnaisse le caractère raciste du meurtre dont il a été victime, perpétré par l’ex-compagnon de sa conjointe. Un acte intolérable, qui appelle à une condamnation à la hauteur de sa gravité.
L’année 2024 a été particulièrement douloureuse pour notre ville. Le souvenir de Philippe Coopman, jeune Grand-Synthois de 22 ans, battu à mort dans la nuit du 15 au 16 avril, reste gravé dans nos mémoires. Ces pertes ne doivent pas être vaines.
Chateaubriand écrivait : « Les vivants ne peuvent rien apprendre aux morts : les morts, au contraire, instruisent les vivants. » Ce week-end, l’absence d’élus de la ville lors de l’hommage à Régis Pringarbe a résonné comme un silence assourdissant. Elle laisse une impression de distance, voire d’indifférence, envers les Grand-Synthois, et plus encore envers les agents municipaux. Pourtant, Damien Carême, ancien maire de la ville, a tenu à être présent.
Certes, le maire actuel a participé à la marche pour Djamel Bendjaballah. Mais ce geste arrive tard, après un long silence, notamment en août dernier, où aucun mot de condoléance n’avait été adressé à la famille de Djamel, pourtant d’anciens agents municipaux. Le cas de Philippe Coopman, lui aussi, illustre une certaine désinvolture : la première plaque commémorative posée en son honneur comportait une erreur sur la date du drame.

Les Grand-Synthois expriment aujourd’hui un besoin légitime de justice, de reconnaissance et de dignité. Si nous ne pouvons garantir que de telles tragédies ne surviendront plus, nous avons le devoir de tout mettre en œuvre pour les prévenir.
Cela commence par une politique de prévention et de protection renforcée à destination des agents municipaux. Identifier les risques, tant physiques que psychosociaux, doit devenir une priorité. Offrir des conditions de travail sûres, un cadre bienveillant, et des outils de soutien est un impératif. Or, aujourd’hui, il semble que la sanction et la mise à l’écart soient devenues des réponses trop fréquentes face à la moindre critique. Les mutations punitives, comme celles envoyant certains agents à l’imprimerie pour avoir exprimé un désaccord, ne peuvent tenir lieu de dialogue.
Sur la question du racisme et de la sécurité, les discours ne suffisent plus. Le vivre-ensemble ne peut être réduit à une formule répétée dans les cérémonies officielles. La multiplication des caméras de surveillance, sans agent municipal pour les surveiller, ne peut à elle seule faire office de politique de sécurité.
Grande-Synthe mérite mieux. Elle mérite une politique à hauteur d’humanité, tournée vers l’écoute, l’action, et le respect. Une politique incarnée par des élu·e·s attentifs aux réalités du terrain, disponibles, solidaires et exemplaires dans leur engagement.
Pour cela, un nouveau souffle est nécessaire. Il implique une refonte des pratiques administratives et un renforcement du lien de confiance entre les habitants et leurs représentants. Des structures dédiées au bien-être des agents municipaux pourraient être créées : lieux d’écoute, formations à la prévention des risques, accompagnement en cas de conflit ou d’agression. La tradition d’innovation sociale de notre ville constitue un terreau fertile pour de telles avancées.
Parallèlement, la lutte contre le racisme et les violences doit se traduire par des engagements concrets : campagnes de sensibilisation, partenariats avec les forces de l’ordre, soutien renforcé aux victimes, et suivi rigoureux des mesures de sécurité.
C’est à cette condition que Grande-Synthe pourra renouer avec sa vocation pionnière, en faisant du vivre-ensemble non pas un idéal lointain, mais une réalité quotidienne, tangible et partagée par toutes et tous.
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